mardi 19 novembre 2013

The Huffington Post - 19 novembre 2013 [Traduction]

Cher journal : Dido s'ouvre au grand jour avec son best of

Au bout du compte, Dido considère que sa prochaine compilation de morceaux est plus "le journal intime fou de ma vie" qu'un simple best of.

Le best of de Dido, qui sera distribué dès le 25 novembre par RCA Records, dans des formats standard et deluxe, couvre près de 15 ans de carrière, laquelle a commencé en 1999, avec la sortie de No Angel.

Le disque, ainsi que ses trois autres albums studio (dont le dernier, sorti en mars, Girl Who Got Away), sont joliment représentés sur cette compilation de 18 titres, accompagnée de bonus, comme le titre nominé aux Oscars 'If I Rise' (avec A.R. Rahman), et 'NYC', une nouvelle chanson dance entrainante, sortie en octobre.

Le titre 'Stan' d'Eminem, single rap qui a permis à l'Anglaise dotée d'un seul nom de se faire une place aux Etats-Unis, grâce à son sample de 'Thank You', est également sur le disque, représentant le début d'une aventure mondiale remarquable.

L'édition deluxe comporte en plus 13 remixes de quelques unes de ses chansons les plus connues, dont une version inédite de 'White Flag' (Timabland Remix).

De tels exemples prouvent qu'elle était destinée à de grandes choses. Pourtant, lors d'une conversation téléphonique depuis l'Angleterre, la semaine dernière, la londonienne solitaire semblait presque gênée d'accoler des superlatifs à son travail.

"Bonne question", répond Dido d'un ton badin, oscillant entre la douceur et le sarcasme, à la question : qu'est-ce que cette compilation de chansons en particulier a de meilleur ?

"Ce n'est pas quelque chose que j'aurais personnellement suggéré, explique-t-elle doucement. Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant : 'Oh, je vais sortir un best of !' Ca ne m'a même jamais traversé l'esprit."

Après que Sony l'ait contactée à propos de ce projet, Dido raconte qu'elle était encore en train de travailler sur Girl Who Got Away et avait besoin d'y réfléchir.

"Je me suis dit que, du moment où je pouvais réaliser quelque chose que j'aimerais vraiment, qui ressemblerait à une célébration en bonne et due forme de ces 15 dernières années", elle trouverait le temps de s'y consacrer. Même pour une British qui jongle entre ses rôles d'épouse/mère/fille/sœur/chanteuse/auteur.

Non pas qu'elle ait besoin de prouver le poids de sa carrière, mais peut-être que son best of servira de douce piqure de rappel quant à ce que Dido a discrètement mais habilement accompli depuis son arrivée sur le devant de la scène.

La grâce innée de sa voix raffinée se mélange magnifiquement avec la nature personnelle et puissante de ses paroles. Bien sûr, la chanteuse détachée qui, pendant des années, a produit des disques de platine et des clips créatifs mais de bon goût, sans la moindre trace de boule de démolition ou de masse [Ndlt : en référence au clip de Miley Cyrus, 'Wrecking Ball', dans lequel elle chevauche et embrasse les objets en question], n'est pas contre un peu de chaos maîtrisé dans sa vie.

L'interprète expérimentée, qui joue de divers instruments, dont la guitare, le clavier, la flûte à bec et la batterie, met en valeur sa musique avec des tempos électro dance, des basses propulsives, et des collaborations passionnées avec des artistes allant d'Eminem à Kendrick Lamar.

La lauréate du MTV Europe Music Award de la révélation de l'année 2001 n'a pas regardé la cérémonie de cette année, diffusée plus tôt ce mois-ci, lorsque le dernier coup de pub de Miley Cyrus est parti en fumée [Ndlt : Miley Cyrus a allumé un joint au moment de recevoir un prix], mais elle est assez curieuse pour demander comment était l'émission.

"Je trouve que c'est une époque très excitante, explique Dido à propos de la scène pop actuelle, bien trop élégante pour dénigrer qui que ce soit. J'aime le fait que les gens aient la possibilité de faire connaitre leur travail, quel que soit la manière [de le faire]. Et pas nécessairement tout un album, mais des collaborations diverses. Je trouve qu'il y a beaucoup de bons sons en ce moment."

Tandis qu'elle dit découvrir de nouvelles choses chaque jour, en ce moment, Dido s'extasie sur le son électro de Pete Lawrie Winfield (connu sous le pseudo Until The Ribbon Breaks), et sur les derniers albums de London Grammar (If You Wait) et Lorde (Pure Heroine). Elle ajoute : "J'ai d'ailleurs téléchargé l'album d'Eminem [(The Marshall Mathers LP 2], il y a deux jours, et je l'adore vraiment."

Malgré tout, Dido reste une sorte de romantique à l'ancienne qui écoute toujours la musique à la radio, influençant les audiophiles qui regrettent les jours passés, ceux d'avant les livres confessions et les vidéos virales montrant des garçons (et des filles) qui se comportent mal.

En clair, lui dit-on, la beauté de sa musique réside dans... la beauté de sa musique.

"C'est tout ce que j'ai, en quelque sorte, dit-elle modestement, avec un rire bref, en se souvenant de l'époque où les gens pensaient que Dido était le nom d'un groupe suédois. Mais c'est ce que j'aime... Avant, on n'avait pas besoin de se connaitre aussi bien. On se disait simplement : 'J'adore cette musique, et je me fiche de ne rien savoir de la vie de son interprète.'"

"Je crois que l'une des raisons qui font que quelqu'un comme Adele parle tellement aux gens, c'est qu'en fait, on n'en sait pas beaucoup sur sa vie. Et je trouve ça super. Ca implique qu'on écoute ses chansons et qu'on puisse se les approprier."

Avec plus de 29 millions d'albums vendus, Dido a un large public à travers le monde. Et, bien qu'elle dise être satisfaite de l'accueil fait à Girl Who Got Away, son premier album studio depuis cinq ans, après qu'elle ait pris une pause pour fonder une famille, le disque n'est resté que trois semaines dans le top 200 de Billboard, avec un pic à la 32 position du classement. En comparaison, son second album, Life For Rent, s'est classé 4ème, et est resté classé pendant 47 semaines.

Dans un monde où des fans capricieux demandent souvent : "Qu'est-ce que tu as sorti pour moi, récemment ?", une interruption de carrière peut se révéler être la plus grande peur d'un artiste.

Etre éloigné des projecteurs pendant si longtemps effraierait quasiment quiconque court après la gloire. Mais Dido n'y a pas réfléchi à deux fois.

"Ce n'est pas comme si j'essayais de me raccrocher à quoi que ce soit, si je puis dire, explique-t-elle après avoir décidé de ne pas faire de 'grande tournée mondiale' avant qu'elle ne termine son prochain album, qu'elle 'espère' finir l'année prochaine. Tout ce que j'essaie de faire, c'est créer de la musique et la mettre à la disposition de ceux qui voudraient l'écouter. Mais je ne ressens pas un besoin désespéré de m'accrocher à un certain degré de célébrité, ou un truc dans le genre."

Dido a été plus déçue quant à la réaction peu enthousiaste face à Safe Trip Home, album sorti en 2008 et ignoré par la plupart des gens, qu'elle a coproduit avec Jon Brion, et qui inclut les participations de Mick Fleetwood à la batterie, Brian Eno au clavier, et son coauteur de frère, Rollo Armstrong. Le moment semblait opportun pour marquer une pause et faire de sa famille une priorité.

"J'ai mis mon coeur et mon âme dans cet album, dit-elle sans la moindre trace d'amertume. Et pratiquement personne ne l'a entendu. Ce n'est pas grave, il est là pour être entendu, un jour."

D'un point de vue personnel, elle considère 'Grafton Street' comme "de loin" sa chanson la plus significative. Elle l'a écrite en 2006, juste après le décès de son père, William O'Malley Armstrong, à l'âge de 68 ans, après qu'il ait passé 10 ans à l'hôpital.

No more trips to Grafton Street
(Plus de visites à Grafton Street)
No more going there
(Plus de visites là-bas)
To see you lying still
(Pour te voir étendu, immobile)
While we all come and go
(Alors que nous allons et venons tous)


"'Grafton Street' peut encore réussir à me faire pleurer, révèle-t-elle. Je ne pleure pas facilement, mais si je me sens vulnérable, ce titre peut tout à fait [me faire pleurer]..."

"Ma vie entière se résumait à ça : mes visites à l'hôpital, mes voyages en avion pour me rendre sur un lieu de concert, et revenir pour lui rendre visite à l'hôpital, dit-elle. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Nous avons passé des moments extraordinaires, malgré le fait que l'hôpital ait été un lieu très sombre. Nous avons passé des grands moments dans cette chambre. Et la chanson parle du fait de regretter ce temps passé en ce lieu."

Il est vrai, cependant, que cette chanson "très, très honnête était très dure à interpréter sur scène, admet Dido. Et je n'y avais pas vraiment réfléchi auparavant. Une grande partie de cet album était très sombre et très dure à interpréter sur scène. Bien sûr, je ne voulais pas vraiment partir sur une grande tournée avec cet album en particulier. C'est à ce moment là que j'ai pensé à me retirer un petit peu de la vie publique."

'Grafton Street' et 'Quiet Times', également extraite de Safe Trip Home, "figurent parmi les meilleurs chansons que j'ai pu écrire, explique-t-elle. Et elle n'ont pas eu droit à leur moment de gloire."

Ainsi donc, l'entrepreneur plein de ressources qu'elle est a décidé de leur donner, ainsi qu'aux auditeurs, une deuxième chance, en les incluant toutes deux dans son best of.

Lorsqu'elle s'est finalement dévouée au projet qui avait "surgi devant elle", Dido a pris le contrôle total quant au choix des titres.

"J'ai passé deux semaines complètement dingues à mettre en place le projet. Mais c'était très appréciable", dit-elle.

Si d'aventure quiconque voulait lui apporter sa contribution, il se voyait remercié.

"J'ai dit à tout le monde qu'ils étaient libre d'avoir leur opinion, mais que... [rires] Vraiment, j'aurais aussi bien pu envoyer un e-mail collectif pour dire : 'C'est très gentil à vous de me dire ce que vous voulez voir sur le disque, mais c'est mon disque, alors c'est moi qui choisis.'"

Alors que sa voix apaisante et stimulante brille sur des titres comme 'Here With Me' et 'Thank You', Dido révèle qu'elle ne s'est mise à chanter que sur le tard.

"Je ne me souviens pas d'une époque où je ne jouais pas de la musique, dit-elle. Mes souvenirs les plus anciens remontent à l'école primaire, lorsque je jouais de la flûte à bec, de la musique, et que je courais à l'étage après être rentrée de l'école pour m'entraîner à jouer. C'est tout ce que je voulais faire."

Il est aisé de comprendre pourquoi elle n'a jamais pris de cours de chant, mais à ce jour, la perfectionniste qui sommeille en elle se dit toujours que, peut-être, elle le devrait.

C'est difficile à croire, en particulier après avoir entendu son don inné, ses cordes vocales bénies qui n'ont aucunement besoin d'être améliorées.

Alors qu'elle a chanté pour la première fois en public, âgée de 17 ans, à l'école pour garçons qu'elle fréquentait, Dido se souvient qu'interpréter 'Summertime' et 'Cry Me A River' avec un orchestre de jazz était un pari risqué. "J'étais en osmose avec Ella Fitzgerald."

Dido a pris une autre direction, et semble avoir bu quelques verres de la Fontaine de Jouvence. Aujourd'hui, près de 25 ans plus tard (son 42ème anniversaire tombe le jour de Noël), elle élève un autre musicien dont le penchant premier et de jouer de la musique, et non pas de chanter.

Telle mère, tel fils.

"C'est un batteur incroyable", confie joyeusement Dido à propos de son fils Stanley, âgé de 2 ans, qu'elle a eu avec son époux Rohan Gavin, un auteur britannique qu'elle qualifie également de musicien talentueux.

Etant donné que les deux parents ont appris à jouer de la musique tôt dans leur vie, son fils "a probablement hérité d'un peu de ça dans son ADN." Mais la passion de Stanley réussit à l'étonner.

"Il ne s'arrête jamais... Depuis le moment où il a pu bouger ses mains, il ne s'est plus arrêté de jouer de la batterie, raconte Dido. Il ne me laisse même pas approcher de la batterie. Je n'ai jamais pu lui montrer comment en jouer, parce qu'il attrape toujours les baguettes et s'assoit pour jouer... Tout sert de batterie de substitution. Le moindre meuble, le moindre jouet se transforme en batterie, et il adore ça..."

"C'est tellement adorable à voir. Vous savez quoi ? Il oubliera sûrement cette obsession lorsqu'il aura 4 ans, mais pour l'instant, je crois que c'est un de ses grands plaisirs dans la vie."

Pour Dido, son petit garçon qui bat le rythme est sans doute l'interprète des meilleures chansons qu'ils soient.

Traduction de Dido France. Reproduction interdite.